Centaurea jacea L.

8. – C. jacea L. (Centaurée jacée. Knoopkruid. Wiesen-Flockenblume). — 20-120 cm. — Juin-oct. — Hémicrypt. — Mellifère. — Groupe difficile, comprenant des populations différant par leur morphologie, leur phénologie, leur écologie et leur nombre chromosomique. Certaines, apparemment localisées en Ard., sont à 2n = 22 et relèvent de la subsp. nigra?; les autres, beaucoup plus diversifiées, sont à 2n = 44 et peuvent correspondre à toutes les sous-espèces citées ci-après (y compris à la subsp. nigra); l’hybridation semble fréquente entre ces taxons, au moins les tétraploïdes. Certains auteurs n’admettent qu’une seule espèce, renonçant à reconnaître des taxons infraspécifiques?; d’autres distinguent une dizaine d’espèces, reliées par des intermédiaires. Une solution de compromis a été adoptée ici, consistant à diviser Centaurea jacea en plusieurs sous-espèces, le plus souvent – mais pas toujours – bien caractérisées?; quelques variétés ont en outre été distinguées?: certaines populations correspondent bien à ces taxons, mais les intermédiaires sont ici plus fréquents. Ce système n’en reste pas moins provisoire?; des recherches complémentaires à ce sujet demeurent souhaitables (*).

a.  Appendice des bractées moyennes de l’involucre soit non divisé, soit lacinié de façon irrégulière, ne présentant jamais de franges régulières (Fig. 30, p. 751). Pappus gén. absent. Fleurs ext. gén. rayonnantes == b

     Appendice des bractées moyennes de l’involucre découpé en franges régulières, un peu à la manière des dents d’un peigne (Fig. 31 et 32, p. 751). Pappus absent ou présent. Fleurs ext. rayonnantes ou non == c

b.  Limbe foliaire elliptique. Plante verte, courtement velue, peu ramifiée, gén. seulement à partir de la mi-hauteur de la tige, à rameaux peu feuillés. Floraison estivale. (Fig. 30, p. 751) == a. subsp. jacea

     Limbe foliaire linéaire à linéaire-oblong. Plante vert grisâtre, pourvue de poils souples et allongés, au moins pour une partie d’entre eux, souvent ramifiée dès la base, à rameaux très feuillés. Floraison automnale == d. subsp. timbalii

c.  Pappus très distinct (Fig. 33, p. 751). Fleurs ext. non rayonnantes. Bractées moyennes de l’involucre profondément découpées en longues dents de peigne == d

     Pappus nul ou faiblement développé (Fig. 34, p. 751). Fleurs ext. rayonnantes ou non. Bractées moyennes de l’involucre découpées profondément ou non en dents de peigne == e

d.  Appendices recouvrant presque totalement les bractées voisines, tous dressés-appliqués (Fig. 31, p. 751). Capitules petits à moyens, ovoïdes ou subsphériques, à appendice des bractées brun à noir, au moins dans sa partie centr. Feuilles sup. à limbe oblong à oblong-lancéolé == e. subsp. nigra

     Appendices laissant plus ou moins à découvert les bractées de l’involucre, les inf. étalés, les moyens et les sup. dressés-appliqués. Capitules petits, ovoïdes, à appendice des bractées brun. Feuilles sup. à limbe étroitement lancéolé == f. subsp. debeauxii

e.  Appendices des bractées de l’involucre petits, effilés, tous ou presque tous étalés ou même réfléchis, laissant plus ou moins à découvert les bractées elles-mêmes (Fig. 32, p. 751). Limbe foliaire lancéolé. Plante très ramifiée. Fleurs ext. non rayonnantes == c. subsp. decipiens var. microptilon

     Appendices des bractées de l’involucre plus grands, tous ou presque tous dressés-appliqués, recouvrant presque totalement les bractées elles-mêmes. Limbe foliaire elliptique à lancéolé-linéaire. Fleurs ext. rayonnantes ou non == f

f.   Limbe foliaire large, elliptique à ovale-elliptique. Capitules subsphériques, assez grands. Pappus nul ou rudimentaire (les deux types souvent présents dans le même capitule) (Fig. 34, p. 751). Plante verte, courtement velue. Floraison estivale == b. subsp. grandiflora

     Limbe foliaire étroitement lancéolé à linéaire. Capitules ovoïdes, assez petits à moyens. Pappus nul. Plante vert grisâtre, pourvue de poils souples et allongés, au moins pour une partie d’entre eux. Floraison automnale == c. subsp. decipiens

OBS. — Adventice?: Centaurea jacea L. subsp. nigrescens (Willd.) ?elak. (Syn.?: C. nigrescens Willd.), qui pourrait se rencontrer à l’état naturalisé en Lorr. or. et dans l’Eifel centr.?; ce taxon présente une combinaison de caractères qui permet de l’identifier assez aisément?: feuilles à limbe large, les sup. plus ou moins amplexicaules?; capitules petits (involucre d’au max. 12 mm de diam.)?; appendices des bractées moyennes de l’involucre constitués d’une partie centrale triangulaire et de franges égalant ou dépassant de peu la largeur de celle-ci, laissant plus ou moins à découvert les bractées sous-jacentes?; fleurs ext. gén. rayonnantes?; pappus nul ou faiblement développé.

a.. subsp. jacea. — 30-60 cm. — Juin-août. — Prairies fraîches, bord des chemins, friches, terrils. — Ard. or., Lorr. (surtout or.)?: AR?; Fluv., Mosan or., Eifel centr.?: R?; ailleurs?: RR, gén. introduit, ou nul. — Europe, Asie occ.

b.. subsp. grandiflora (Gaudin) Schübl. et Martens [Syn.?: subsp. pratensis (Koch) ?elak.?; C. debeauxii Godr. et Gren. subsp. thuillieri Dostál?; C. thuillieri (Dostál) J. Duvigneaud et Lambinon?; C. pratensis Thuill. non Salisb.]. — 20-90 cm. — Juin-août. — Prairies, chemins herbeux, friches. — C-AC. De loin la sous-espèce la plus fréquente dans le territoire de la Flore. — Europe occ.

OBS. — Cette sous-espèce est particulièrement variable?: présence ou non de fleurs rayonnantes, akènes à pappus nul ou plus ou moins développé (éventuellement dans le même capitule) (Fig. 34, p. 751),…?; ce caractère témoigne peut-être d’une origine hybridogène impliquant la subsp. nigra. Des intermédiaires avec la subsp. jacea se rencontrent parfois, surtout dans l’E du territoire de la Flore.

c.. subsp. decipiens (Thuill.) ?elak. (Syn.?: C. decipiens Thuill.; C. serotina Boreau). — 20-100 cm. — Août-oct. — Prairies sèches, pelouses, friches, landes, chemins secs. — Mosan, Lorr., Champ., Eifel centr.?: AC-AR?; Boul., Pic., Brab. (surtout sur craie)?: R?; ailleurs?: probablement RR ou nul. — Europe occ.

OBS. — Certains auteurs distinguent à côté de la subsp. decipiens une subsp. microptilon (Godr.) Douin, à appendices des bractées tous ou presque tous étalés à réfléchis, laissant plus ou moins à découvert les bractées elles-mêmes (alors que, en principe, chez la subsp. decipiens, seules les bractées inf. sont plus ou moins étalées et les bractées moyennes et sup. plus couvrantes)?; vu la variabilité de ces caractères, il semble préférable de séparer au mieux ces taxons au rang variétal?: subsp. decipiens var. decipiens (Thuill.) Briq. et var. microptilon (Godr.) Briq. On veillera à ne pas confondre ce dernier taxon avec la subsp. debeauxii, qui présente notamment des akènes à pappus plus développé. Ce caractère des appendices laissant plus ou moins à découvert les bractées s’observe parfois chez d’autres taxons, en particulier chez la subsp. grandiflora?; de telles plantes ont parfois été rapportées, sans doute à tort, à la subsp. macroptilon (Borbás) Hayek. Voir enfin l’obs. sous la sous-espèce suivante.

d.. subsp. timbalii (Martrin-Donos) Br.-Bl. [Syn.?: C. timbalii Martrin-Donos?; C. vinyalsii Sennen subsp. approximata (Rouy) Dostál?; C. approximata Gren. ex F.W. Schultz?; C. jacea subsp. vinyalsii (Sennen) O. Bolòs, Nuet et Panareda var. approximata (Rouy) Hayek?; C. amara auct. non L.?; C. angustifolia auct. non Mill. p.p.]. — 20-90 cm. — Août-oct. — Prairies sèches, pelouses et friches, surtout sur des sols calcarifères. — Lorr., Champ., Tert. par.?: AC?; Mosan, Eifel centr.?: AR?; Fluv.?: R?; ailleurs?: probablement RR ou nul. — Europe occ. et centro-occ.

OBS. — Plante proche de la subsp. decipiens par le port, la phénologie et l’habitat, mais à bractées de l’involucre en principe très différentes. On trouve parfois, dans une même population, des individus correspondant à l’une et à l’autre de ces sous-espèces, ainsi que des intermédiaires. L’aire partiellement différente de ces taxons (la subsp. timbalii manque apparemment dans l’W du territoire de la Flore) les a fait maintenir ici, au moins provisoirement, au rang de sous-espèces.

e.. subsp. nigra (L.) Bonnier et Layens [Syn.?: C. nigra L.?; C. nigra L. subsp. nemoralis (Jord.) Gremli?; C. debeauxii Godr. et Gren. subsp. nemoralis (Jord.) Dostál?; C. nemoralis Jord.]. — 30-100 cm. — Juin-oct. — Lisières et coupes forestières, prairies, gén. sur des sols siliceux, digues. — Ard.?: AR?; Eifel centr.?: R?; ailleurs?: R-RR. — Europe occ. et médiane.

OBS. — Comme noté ci-avant, on connaît en Ard. des populations diploïdes de ce taxon, qui ne s’hybrident guère avec la subsp. grandiflora avec laquelle elles croissent. Des plantes morphologiquement très semblables, mais tétraploïdes, existent ailleurs dans le territoire de la Flore. La distinction d’une var. nigra (L.) Briq., plante haute de 60 cm au max., peu rameuse, à capitules subsphériques et à bractées à dents brun sombre à noires, et d’une var. nemoralis (Jord.) Briq. et Cavillier, atteignant 100 cm, souvent plus rameuse, à capitules ovoïdes et à bractées à dents brunes, se heurte à la difficulté de l’existence de fréquents intermédiaires. La var. nemoralis fait la transition vers la subsp. debeauxii.

f... subsp. debeauxii (Godr. et Gren.) Douin [Syn.?: C. debeauxii Godr. et Gren.; C. nigra L. subsp. debeauxii (Godr. et Gren.) Gugler]. — 30-100 cm. — Juin-oct. — Dunes, taillis, pelouses, talus. — Mar. (surtout mér.), Boul., Pic., Tert. par.?: R?? Données partiellement à confirmer. — SW de l’Europe?; limite sept. mal connue. — *??

OBS. — Plante particulièrement critique dans le territoire de la Flore, un peu intermédiaire entre la subsp. decipiens (surtout var. microptilon) et la subsp. nigra (dont elle possède les akènes gén. munis d’un pappus, mais celui-ci gén. plus réduit que chez cette dernière sous-espèce). Certains auteurs considèrent par ailleurs les subsp. debeauxii et grandiflora comme des taxons proches. Seules des plantes du SW du territoire de la Flore ont été identifiées comme appartenant à la subsp. debeauxii, ce qui est cohérent avec l’aire générale de celle-ci?; elles méritent toutefois de nouvelles recherches.

(*) L’étude de ces Centaurea s’adressera de préférence à des populations, plutôt qu’à des individus isolés. L’identification des échantillons se fera nécessairement par comparaison avec des collections de référence.

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