REM. — 1. – La détermination des saules présente souvent de grandes difficultés, qui résultent d’une triple cause. D’abord, la plupart des espèces donnent des hybrides fertiles. Ceux-ci peuvent, à leur tour, se croiser avec un de leurs parents ou avec une autre espèce, ou même encore avec un autre hybride. Par ailleurs, les chatons se forment fréquemment avant les feuilles, ce qui fait que les caractères se rapportant à ces deux types d’organes ne peuvent souvent être utilisés ensemble. Enfin, comme toutes les espèces sont dioïques, la concordance systématique entre plantes mâles et femelles n’est pas toujours aisée à établir.
Ces particularités impliquent de présenter trois clés, permettant respectivement la détermination des spécimens feuillés, de ceux à fleurs mâles et de ceux à fleurs femelles. Ne sont inclus dans ces clés que quelques hybrides particulièrement fréquents. L’identification des autres demande obligatoirement une bonne connaissance des types purs. On notera encore que la détermination précise de certains saules (groupe des Salix aurita-cinerea-atrocinerea) est impossible en l’absence de feuilles bien développées.
On recommandera vivement aux botanistes débutant dans la systématique des saules, désireux de se constituer une collection de référence, d’étiqueter des buissons sur le terrain et de recueillir sur chacun d’eux des échantillons à diverses époques de l’année (chatons, jeunes feuilles, feuilles adultes). Le port et la taille seront utilement notés.
2. – Pour les groupes où la présence de lignes saillantes sur le bois des rameaux est un caractère important, il convient d’écorcer ces rameaux au moment de la récolte et non sur des spécimens séchés. Il ne faut pas confondre ces lignes saillantes, à arête à peu près horizontale, avec des saillies courtes à arête convexe, qui peuvent se rencontrer chez des taxons dépourvus de vraies « lignes saillantes ».
3. – On trouve assez fréquemment des monstruosités, qui peuvent dérouter le déterminateur : chatons ou fleurs hermaphrodites (comprenant à la fois étamines et ovaire), présence de deux ovaires à l’aisselle d’une seule bractée, etc.
REM. — Les feuilles des rejets diffèrent souvent des feuilles normales et ne peuvent être prises en considération. Il est d’autre part déconseillé d’examiner les feuilles trop âgées (à partir du mois d’octobre) ; celles-ci peuvent en effet être dépourvues de certaines de leurs caractéristiques habituelles.
REM. — Cette clé est plus sommaire que la précédente et basée principalement sur les caractères particuliers des chatons et des fleurs mâles. On la complétera en se référant à la clé des spécimens feuillés, pour les caractères des rameaux et bourgeons, le port de la plante, etc.
REM. — La remarque formulée à propos de la clé des spécimens mâles est également valable dans le cas présent.
OBS. — 1. – En plus des hybrides signalés dans la clé, on a également observé dans le territoire de la Flore les hybrides suivants : Salix alba × triandra (S. ×erythroclados Simonk. ; Syn. : S. ×undulata auct. non Ehrh.), S. atrocinerea × aurita (S. ×charrieri Chassagne), S. atrocinerea × caprea (S. ×quercifolia Sennen ex Görz), S. atrocinerea × cinerea (S. ×guinieri Chassagne), S. aurita × caprea (S. ×capreola J. Kerner ex Anderss.), S. aurita × purpurea (S. ×dichroa Döll), S. aurita × repens subsp. dunensis [S. ×ambigua Ehrh. nsubsp. maritima (A. et E.G. Camus) Lambinon ; Syn. : S. ×kalmthoutensis De Langhe et Lawalrée), S. aurita × repens subsp. repens (S. ×ambigua Ehrh. nsubsp. ambigua), S. aurita × viminalis (S. ×fruticosa Döll), S. caprea × cinerea (S. ×reichardtii A. Kerner), S. caprea × purpurea (S. ×wimmeriana Gren. et Godr.), S. cinerea × purpurea (S. ×sordida A. Kerner), S. cinerea × repens (S. ×subsericea Döll), S. fragilis × triandra (S. ×alopecuroides Tausch ; Syn. : S. ×speciosa Host) et S. repens subsp. dunensis × viminalis [S. ×friesiana Anderss. nsubsp. antverpiensis (Lawalrée et De Langhe) Lambinon ; Syn. : S. ×antverpiensis Lawalrée et De Langhe]. Des hybrides triples peuvent aussi se rencontrer.
2. – On cultive pour l’ornement dans les parcs et les jardins, ainsi que pour la fixation des sols, des saules d’origine diverse : taxons infraspécifiques (souvent des cultivars) subordonnés à des espèces ou des hybrides traités ici ou espèces exotiques. Citons notamment les suivants, connus à l’état subspontané ou naturalisé et en principe identifiables au moyen de la clé des plantes ligneuses (p. XCI et suivantes) : Salix acutifolia Willd. [Syn. : S. daphnoides Vill. subsp. acutifolia (Willd.) Ahlfengren], S. elaeagnos Scop. (Syn. : S. incana Schrank) [surtout subsp. angustifolia (Cariot) Rech. f.] et le curieux S. babylonica L. var. pekinensis A. Henry f. tortuosa (Vilm. Andr.) Geerinck (Syn. : S. matsudana Koidz. ‘Tortuosa’), à rameaux fortement tortueux, parfois plus ou moins pendants et feuilles à limbe arqué-concave.
Cette liste est cependant incomplète : quelques autres saules exotiques ont été signalés échappés de cultures dans le territoire de la Flore (dans la partie N de la Belgique, en particulier) ; pour ne pas compliquer exagérément la clé précitée ni les trois clés figurant ci-avant, on ne fera que les citer : S. daphnoides Vill., S. eriocephala Michaux, S. irrorata Anderss., S. udensis Trautv. et C.A. Mey. et S. forbyana Smith (probablement S. cinerea × purpurea × viminalis). L’étude de ces saules est à poursuivre.
Les « saules pleureurs », à rameaux long. pendants, correspondent essentiellement à des hybrides de Salix babylonica L., principalement S. ×sepulcralis Simonk. nvar. chrysocoma (Dode) Meikle (S. alba var. vitellina × babylonica), à jeunes pousses pubescentes à soyeuses, rameaux jaune vif ou jaune verdâtre et ovaire dépassant peu la longueur de la bractée, et S. ×pendulina Wender. (Syn. : S. ×blanda Anderss. ; S. babylonica × fragilis), à jeunes pousses glabres ou pourvues de poils épars, rameaux brun olive et ovaire dépassant long. la bractée. Le vrai S. babylonica var. babylonica,d’Asie or., ne paraît pas être cultivé dans nos régions.
3. – On n’oubliera pas que, outre les usages divers évoqués ci-avant, de nombreux saules ont été largement utilisés par l’industrie de la vannerie (fabrication d’objets tressés avec des rameaux d’osier), pratique aujourd’hui en voie de disparition. Ces activités ont eu aussi pour conséquence la diversification des taxons utilisés, parfois très localement, et la grande difficulté d’attribuer actuellement à tous ces saules un statut soit de plantes indigènes, soit de plantes subspontanées ou naturalisées.